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Née à Minnedosa au Manitoba, en 1877, j'ai grandi sur la ferme familiale.
Adolescente, j'ai fréquenté l'École normale de Winnipeg et, plus tard,
j'ai été admise à l'Université du Manitoba. J'étais une très bonne étudiante,
j'ai reçu mon diplôme de médecine en 1915 et j'ai remporté la médaille
d'or pour les meilleures notes, ainsi qu'un prix en « antécédents chirurgicaux
». Après l'obtention de mon diplôme, je passai un an comme interne, puis
je fus invitée à faire un stage de travail de troisième cycle, dans les
Laboratoires provinciaux du Manitoba. En 1918, je fus nommée bactériologiste
provinciale de la Saskatchewan. Quatre ans plus tard, j'ai été surprise
d'être acceptée comme pathologiste provinciale, un poste qui me permit
de travailler étroitement avec la Gendarmerie royale, au cours d'enquêtes
sur des morts suspectes. Dans un tel domaine, à prépondérance masculine
à l'époque, c'était un honneur assez inhabituel.
Ce travail m'obligeait souvent à partir, dans des délais très brefs,
pour enquêter sur un décès et souvent je devais y consacrer mon week-end
ou d'autres périodes de loisir. En 1934 seulement, j'ai fait 43 voyages
hors de la ville et, pour ces enquêtes, j'ai voyagé sur des milliers de
kilomètres en traîneau à chien, en motoneige ou en hydravion, pour être
confrontée, à l'arrivée, à la scène macabre d'un crime. J'ai pu aussi
faire la promotion des méthodes scientifiques d'enquêtes criminelles,
lors de conférences au Collège de police de Regina. Après ma retraite
comme pathologiste provinciale en 1942, j'ai continué à travailler, en
pratique privée, m'intéressant surtout aux problèmes d'allergie. Cette
retraite fut de courte durée. L'année suivante, on me demanda de diriger
temporairement le Laboratoire judiciaire de la Gendarmerie royale. Vous
pouvez imaginer la surprise que je ressentis, lorsqu'en 1946, on me nomma
Chirurgien honoraire de la Gendarmerie — j'étais la deuxième personne
pareillement honorée et la seule femme, à l'exception de la Reine, à devenir
membre honoraire de ce corps de police.
Pour résumer ma carrière, j'aimerais dire que j'ai contribué à démontrer
l'importance d'une pratique consciencieuse et précise de la pathologie
judiciaire pour mener une affaire criminelle à sa conclusion juste. Je
suis fière d'affirmer que j'ai gagné le respect de mes collègues et de
la police. Ensemble, nous avons démontré la nécessité de ce type de travail
pour trouver et faire condamner les coupables et disculper les innocents.
Je pourrais vous relater de nombreuses histoires fascinantes, mais gardons-les pour une autre fois
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