En 1946, lorsque j'ai obtenu mon doctorat de l'Université McGill, j'envisageais gagner ma vie comme chimiste. Je croyais que le succès dans le domaine de la recherche serait récompensé par « l'excitation même que provoque le fait de découvrir » ou par la reconnaissance qui découle d'une découverte.
J'ai donc décidé de miser sur une tentative de synthétisation du saccharose (sucre ordinaire). Mon principal défi consistait à isoler — à partir d'une substance partiellement carbonisée et collante — une importante quantité du produit nécessaire pour l'étape suivante du processus. Ce fut le succès ! En 1953, mon collègue Georg Huber et moi avons réussi la synthèse du saccharose. Reconnu comme le « mont Everest de la chimie organique », cet exploit a été mondialement acclamé.
Peu après, âgé de 34 ans, ne possédant qu'une petite expérience d'enseignant et aucune comme administrateur dans une université, je me suis vu offrir le poste de vice-doyen et directeur du département de chimie à l'Université d'Ottawa. C'est avec fierté que j'ai accepté. Par la suite cependant, il m'a été difficile de refuser un poste de professeur à mon alma mater, soit à l'Université de l'Alberta. En 1961, je suis donc entré au département de chimie de cette université, et la recherche est devenue ma principale responsabilité.
L'exploration des glucides a entraîné de nouvelles recherches un peu partout dans le monde. Au cours de ma carrière, la chimie des glucides est passée d'une spécialisation de recherche universitaire à un domaine d'application pratique de grande importance. Depuis, nous avons élargi considérablement nos connaissances sur la façon dont les glucides se fixent aux protéines. Il s'agit là d'un processus capital utilisé dans un vaste éventail d'applications, depuis l'immunologie jusqu'au traitement du cancer.
Certains me considèrent comme le pionnier de la chimie des glucides, et j'ai reçu un grand nombre d'honneurs, dont celui de Compagnon de l'Ordre du Canada. Toutefois, mes enfants constituent l'accomplissement dont je suis le plus fier et que je partage avec mon épouse, Virginia
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