Mon mari et moi avons quitté l'Angleterre pour nous établir au Canada au cours de la Seconde Guerre mondiale. Étant lui aussi un scientifique, mon mari avait été invité à faire de la recherche au Canada. À la fin de la guerre, j'ai entrepris des études de doctorat à l'Université McGill. C'est là que j'ai eu la possibilité d'étudier des patients épileptiques avec le Dr Wilder Penfield, célèbre neurochirurgien.
En 1955, j'ai étudié un patient atteint d'épilepsie grave. Pour réduire ses crises, les médecins avaient pris la mesure radicale consistant à lui enlever les deux lobes temporaux médians. Chacun de ces lobes contient un hippocampe, structure qui aide le cerveau à convertir la mémoire à court terme en mémoire à long terme. En travaillant avec ce patient, j'ai eu la surprise de découvrir qu'il était capable de retenir certains types de renseignements, puisque certaines de ses habiletés motrices se sont améliorées à force de pratique. Cette découverte a joué un rôle important dans l'avancement de notre compréhension de l'apprentissage et de la mémoire. Les médecins savent maintenant que plusieurs systèmes de mémorisation répartis dans tout le cerveau régissent différentes activités.
Après avoir travaillé avec ce patient, j'ai continué à étudier et à enseigner. La majeure partie de mes travaux a porté sur le traitement du langage par le cerveau.
On m'attribue souvent la création du domaine des neurosciences cognitives, et je suis fière d'avoir jeté les bases de la neuropsychologie moderne. Or, j'espère aussi que mes travaux profiteront à d'autres personnes.