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La mécanisation des opérations forestières
Au XXe siècle, la topographie, les conditions physiques du terrain, les types de forêt et les variations climatiques influent sur la mécanisation des opérations forestières. Le processus se développe graduellement, mettant à contribution l’énergie animale ainsi que des machines et des outils, d’abord manuels puis motorisés et finalement assistés par ordinateur. Toutefois, il demeure que les opérations peuvent varier d’une région à l’autre et utiliser des outils divers. Par exemple, l’inventaire d’une forêt se fait principalement à l’aide d’outils manuels, alors que la récolte emploie une variété d’outils mécaniques et manuels – les haches et les scies à chaîne étant l’équipement le plus courant.
La récolte
Au XIXe siècle, que ce soit pour l’abattage, le débitage, l’équarrissage, l’ébranchage, le flottage du bois ou l’affûtage, les outils manuels en usage sont fort diversifiés. Encore aujourd’hui, certains figurent parmi la gamme que proposent de nombreux manufacturiers; par exemple, les haches peuvent être offertes dans une variété de modèles avec une lame à tranchant unique ou à double tranchant.
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Page de catalogue de la H. Walters & Sons (MSTC, collection de documentation commerciale, L09666) |
En activité de 1886 à 1964, la compagnie H. Walters & Sons (devenue en 1916 la Walters Axe Company) établie à Hull, au Québec, se spécialise dans la production de sapis, marteaux, limes, scies, pioches de type « pulaski » et haches. La lame, la pointe ou autre objet de percussion sont en acier, et le manche en bois de caryer. Après 1947, la compagnie commence à automatiser ses opérations en perfectionnant certaines pièces d’équipement, dont le marteau-pilon d’estampage, et s’engage dans le travail à la chaîne. Au cours d’une première étape, le corps métallique de la hache est forgé dans des matrices à cavités. Dans une seconde étape, on soumet l’acier à un traitement qui le fait durcir par trempe après avoir été chauffé à des températures déterminées puis refroidi de façon adéquate. Ce procédé facilite le travail à la chaîne en permettant d’usiner les lames de hache en une seule pièce et en favorisant la continuité des tâches liées aux opérations de trempe et de peinture.
Les scies à chaîne
S’inscrivant dans la foulée des inventions reliées à l’électricité et au moteur à combustion interne qui marquent le début du XXe siècle, les scies à chaîne constituent un élément primordial dans la mécanisation de la récolte des arbres. Mise au point en 1920 par l’Américain Charles Wolf, la première scie à chaîne électrique portable est d’abord vendue dans des entreprises de construction, les seules à pouvoir en assumer le coût exorbitant. Au cours des années 1920 et 1930, des compagnies américaines – notamment la Reed-Prentice – et allemandes – la Stihl et la Dolmar – se lancent dans la fabrication des scies à chaîne dont certains modèles seront distribués dans des entreprises forestières canadiennes, telles que la Price Brothers Company de Chicoutimi, au Québec, et la Bloedel, Stewart & Welch Company de Vancouver, en Colombie-Britannique. Ces scies à deux hommes présentent toutefois des inconvénients majeurs : elles sont difficiles à manier, bruyantes, dégagent de la fumée et sont destinées seulement aux ouvriers qualifiés.
En 1943, un groupe de gens d’affaires de Vancouver acquiert l’entreprise Reed-Prentice et crée la compagnie Industrial Engineering Limited (IEL). En 1946, la IEL met en marché le modèle de scie à chaîne Beaver avec laquelle une personne à elle seule est capable d’abattre un arbre – une première mondiale. Cette amélioration stimule grandement la production et engendre des innovations majeures entre les années 1955 et 1960, surtout en ce qui concerne la hausse des standards de flexibilité et de portabilité ainsi que l’utilisation de matériaux légers comme l’aluminium.
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Scie à chaîne de modèle HM (MSTC 1984.0360) | La production du modèle HM est maintenue pendant quelques années par la compagnie Pioneer Saws Ltd, établie à Peterborough, en Ontario, formée en 1958 suite à l’acquisition de la IEL par deux grandes entreprises américaines, Evinrude et Johnson.
Fabriquée vers 1960, cette scie (1984.0360*) est nantie d’une transmission directe et d’un carburateur à membrane encastré lui permettant de couper le bois tant à l’horizontale qu’à la verticale.
Le transport du bois
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Utilisée par les draveurs sur la rivière Charlo, au Nouveau-Brunswick, en 1925, cette gaffe, aussi appelée peavey, est munie d’un pic et d’un crochet servant à manœuvrer les billes et à les empêcher de s’entasser et d’obstruer le cours d’eau. (MSTC/CN, CN004779) |
Faisant partie des opérations de récolte du bois dans l’Est canadien avant les années 1930, la drave – terme adapté de l’expression anglaise log drive – réfère au transport des billes sur les rivières, à destination des moulins à scie ou des navires de charge. Les billes peuvent être attachées bout à bout avec des chaînes ou des câbles et retenues par des estacades, ou encore transportées dans des embarcations. Elles traversent les rapides en passant dans des glissoires installées le long de la berge. La drave, une opération saisonnière, se déroule surtout entre le printemps et l’automne.
De la fin des années 1920 jusque vers 1950, l’avancée technologique dans le domaine de la navigation transforme considérablement la technique de flottage du bois. Des compagnies forestières, dont la Canadian International Paper, organisent le transport des billes en regroupant des charges d’estacades qui dorénavant peuvent être remorquées à travers un réseau de lacs et de rivières par des alligators, ces larges bateaux à vapeur en bois de près de 12 mètres (40 pieds) de long.
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Alligator tirant des estacades sur la rivière
Saint-Maurice, au Québec, vers 1949 (MSTC/CN, CN000207) |
Les billes de bois seront éventuellement transportées d’un bout à l’autre du pays soit par wagons soit par camions, après l’achèvement de chemins de fer et de la route transcanadienne.
* Les numéros entre parenthèses sont les numéros d’acquisition des objets de la collection du Musée.

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