Accueil
Plan du site | English | Pour nous contacter


Personnalités mises en lumière ! - La collection Karsh d'Ottawa

Les appareils photo

Karsh a légué au musée neuf de ses appareils photo, y compris son principal Calumet 8 po × 10 po, ainsi que le Calumet du studio de New York, un Graflex Graphic View, deux appareils Gowlandflex, un Ciné-Kodak, un Plaubel Peco Universal III, un Olympus et un Polaroid. Durant sa carrière, Karsh préférait utiliser de gros appareils photo de studio. Bien que ses premières images aient été publiées dans des revues et que bon nombre de ses photos aient été commandées par Saturday Night, Time (des États-Unis et du Canada), Life et l’hebdomadaire canadien Maclean’s, Karsh n'a jamais voulu être lié au photojournalisme. C’était un artiste, et son choix d’appareils en faisait foi.

  (Fig.18)
Ce Calumet 8 po × 10 po à soufflet était le principal appareil photo de Karsh. (MSTC 1997.0319)

Le Calumet 8 po × 10 po à soufflet (1997.0319), fabriqué à Chicago en 1956, était l’appareil principal de Karsh. Il l’a utilisé durant plus de trois décennies, d’abord dans son studio de la rue Sparks, puis dans celui du Château Laurier. Durant de nombreuses années, cet appareil photo, ou son jumeau de New York (1998.0051), l’a suivi partout en Amérique du Nord et en Europe. Ces Calumets lui ont notamment servi à photographier les premiers ministres du Canada, de Diefenbaker à Chrétien, ainsi que Ernest Hemingway, Mère Teresa, Margaret Atwood, Marc Chagall et de nombreuses autres personnalités. Karsh prenait la plupart de ses photos en format 8 po × 10 po. Toutefois, le dos de l'appareil était amovible et en permettait l’ajustement à des formats 2 po × 4 po et 5 po × 7 po. L’appareil était peint en gris pâle, pratiquement blanc.
  
(Fig.19) 
Voile de mise au point confectionné pour Karsh par sa technicienne et bibliothécaire Hella Graber (MSTC 1997.0351) 
Comme le disait Karsh, « un appareil photo ne doit pas forcément être d’apparence lugubre 4 ». Hella Graber avait fabriqué un voile de mise au point (1997.0351) que Karsh aimait disposer librement sur le Calumet. Le voile était fait de riche velours bourgogne et d’une doublure dorée. Hella y avait brodé les initiales de Karsh. Karsh avait installé sur le Calumet sa lentille préférée (1997.0340),
 
(Fig.20)

Karsh utilisait, sur son appareil photo principal, la lentille Commercial Ektar fabriquée par l'Eastman Kodak Company dans les années 1940. (MSTC 1997.0340)

une Commercial Ektar de 14 pouces fabriquée par Eastman Kodak dans les années 1940. La planchette d’objectif était également peinte en gris pâle, assortie au Calumet lui-même. L’appareil (1998.0051) qu’utilisait Karsh dans son studio de New York était identique au Calumet d’Ottawa et était lui aussi doté d’une lentille Commercial Ektar de 14 pouces (1998.0052). Durant les séances, l’appareil 8 po × 10 po était habituellement installé sur un trépied à tête panoramique flottante fabriqué par Davis & Sanford Company Inc. (1997.0310). Karsh préférait placer le trépied de façon à ce que la plaque portant le nom du fabricant soit face au sujet. Chaque branche télescopique du trépied était élevée à environ un mètre.

Durant la séance de photo, une fois les dispositifs d’éclairage et l’appareil photo ajustés, Karsh consacrait toute son attention à son sujet, confiant à son assistant le soin d’ajuster la vitesse d’obturation et l’ouverture du diaphragme, ainsi que de changer la pellicule. Entre-temps, Karsh continuait à converser avec son sujet, en maintenant le doigt sur le câble déclencheur afin d’actionner l’obturateur au bon moment.

  (Fig.21)
Rear Window (Gow Crapper of Ford of Canada), 1951. Prise à l’usine Ford du Canada, cette photo comporte les éléments qui caractérisent l’art de Karsh : la précision de l’éclairage, la pose soignée du modèle et un cadrage magistral. (Gracieuseté de J. Fielder)

Karsh était avant tout un photographe portraitiste, mais il acceptait parfois des commandes de photographies promotionnelles de la part de grandes entreprises.
(Fig.22)
En plus de son Calumet, Karsh utilisait son Monorail Graphic View pour prendre ses photos de voyage. (MSTC 1997.0320)
Ses tarifs pour de tels services étaient élevés. Pour une séance de deux semaines en 1951, Karsh a facturé à Ford du Canada des honoraires de 10 000 $, à une époque où le salaire horaire moyen d’un travailleur d’usine chez Ford se situait 1,33 $. Même dans ce milieu, Karsh disposait son décor et choisissait avec soin les employés qui figureraient sur les photos. Les images étaient teintées de son style de portraitiste typique, avec son éclairage et le cadrage de la lentille de son Calumet.

(Fig.23)
Santa Croce di Jerusaleme, 1959, photo prise à l'aide de l'appareil Monorail Graphic View. (Gracieuseté de J. Fielder)

Outre ses Calumets, Karsh utilisait, pour ses séances de photographies extérieures, un appareil Monorail Graphic View 4 po × 5 po (1997.0320) fabriqué par Folmer Graflex Corporation vers 1940. Cet appareil était doté d’une lentille W. A. Dagor F:8 de 3 5/8 po, fabriquée par C.  P. Goerz (1997.0343). Avec cet appareil, Karsh a notamment photographié l’évêque Sheen et Jerry Cunningham pour le livre This is Rome, publié en 1960.


(Fig.24)
Gowlandflex fabriqué sur mesure conformément aux exigences de Karsh (MSTC 1997.0322)

Les appareils de Karsh étaient habituellement fabriqués sur mesure conformément à ses directives spécifiques. Par exemple, lorsqu’il a commandé deux appareils Gowlandflex (1997.0322, 1997.0323) chez Gowland Limited, en 1972, il avait précisé que les appareils devaient comporter un boîtier Gowlandflex no 830 et un boîtier Wide Angle 4 po × 5 po ; un barillet Xenar de 180 mm et des lentilles Symmar Prontor de 180 mm ; une lentille Ektalite 5 po2 particulière avec fini mat ; deux lentilles Super Angulon de 90 mm ; un panneau de mise au point et un dos Graflock ; des capuchons de mise au point de caoutchouc interchangeables et une loupe montrant l’image à l’endroit. Malgré toutes ces exigences, Karsh n’utilisait que rarement ses appareils Gowlandflex, leur préférant les Calumets de son studio. D’autres appareils faisant partie de la collection, soit le Monorail Plaubel (1997.0324), le Magazine Ciné-Kodak 1937 (1997.0345) et le XA3 Olympus 35 mm (1997.0344) étaient, eux aussi, rarement utilisés.

La collection comporte également un appareil Polaroid Sonar Onestep SX-70 (1997.0346) datant de 1980, mais l’origine de cet appareil demeure nébuleuse. Vers la fin des années 1970, Polaroid a invité Karsh à faire l’essai de son appareil 20 po × 24 po, lequel mesurait 1,5 m et pesait plus de 100 kg. Il a été très impressionné par l’appareil, mais n’en a pas fait l’acquisition. Peut-être le SX-70 lui avait-il été donné par Polaroid. Nul n’a jamais vu Karsh s’en servir, mais il employait parfois des porte-films Polaroid (1997.0347, 1997.0348) avec ses appareils de studio pour faire des essais avant une séance.

4. Karsh: The Searching Eye (Toronto: CBC, 1986), 105.