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Une infatigable travailleuse canadienne

Au début du XXe siècle, les chemins de fer canadiens ont connu une période d'expansion exceptionnelle dans toutes les régions. De nouvelles sociétés comme le Grand Trunk Pacific et le Chemin de fer Canadien du Nord s'aventuraient à l'Ouest en territoire peu peuplé tandis que le Canadien Pacifique développait et modernisait son réseau dans l'ensemble du pays. L'essor du secteur ferroviaire coïncidait avec l'expansion du pays puisque les immigrants affluaient dans l'Ouest et que, dans l'Est, l'industrialisation croissante suscitait un flux régulier de gens vers les villes et de marchandises vers l'extérieur.

L'utilisation accrue des chemins de fer entraîna une demande de locomotives à vapeur plus grosses, plus puissantes. Il n'est pas surprenant que le Canadien Pacifique ait connu de 1900 à 1914 l'une de ses périodes les plus dynamiques en fait d'accroissement et de développement technique des locomotives à vapeur. L'une des belles réussites du temps a été la mise au point de la très polyvalente locomotive « Type Dix Roues » dite de classe D 10. La locomotive no 926 du CP (670009*) est l'une des sept du type qui subsistent.

Locomotive 926
En 1946, la CP 926 a été convertie au combustible pétrolier. (MSTC)

Plus de 502 engins de ce type, soit la classe la plus nombreuse de locomotives utilisées par le Canadien Pacifique au XXe siècle, ont été construits par ou pour le CP entre 1905 et 1913. Ces locomotives au concept polyvalent ont servi d'un océan à l'autre au transport de passagers et de marchandises et au triage jusqu'à la fin de l'ère de la vapeur, début des années 1960. Leur succès reposait sur un design simple et fiable, qui incorporait des améliorations techniques comme les pistons-valves et un mécanisme de distribution de la vapeur simplifié, dispositifs alors peu reconnus en Amérique du Nord. Elles ont servi de bases aux recherches innovatrices du CP sur les surchauffeurs, qui ont mené à l'acceptation de ce dispositif économiseur d'énergie par l'ensemble des chemins de fer nord-américains.

Le design de ces locomotives en était un de transition qui reflétait les changements dans l'ingénierie des locomotives et conservait des caractéristiques du XIXe siècle. Par exemple, les cabines des locomotives étaient ouvertes, ce qui permettait au mécanicien et au chauffeur de profiter d'un peu d'air frais puisque la chaudière dégageait énormément de chaleur. Mais quand il faisait mauvais, les occupants étaient pratiquement exposés aux intempéries car ils n'avaient qu'un écran de toile tendu à l'arrière de la cabine pour s'abriter, même l'hiver. Les chaudières étaient encore alimentées à la main, sauf dans le cas des nouvelles locomotives à l'huile.

La 926 du Canadien Pacifique est l'un des objets ferroviaires les plus importants de la collection du Musée. Construite aux Ateliers Angus du CP à Montréal en novembre 1911, cette locomotive a été affectée aux Prairies et a transporté des marchandises et des passagers sur divers tronçons entre Winnipeg et Calgary durant 50 ans. Elle a aussi été utilisée au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. Comme toute machine à vapeur, elle a fait l'objet de plusieurs révisions importantes au cours de sa carrière. La plus importante transformation a eu lieu en 1948, à l'occasion d'une remise à neuf prévue aux Ateliers Angus, lorsque l'étrier et les organes de roulement d'origine ont été remplacés par ceux d'une autre D 10, la locomotive no 1107.

* Les numéros entre parenthèses sont les numéros d'acquisition des objets de la collection du Musée.