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L'avènement des villes lumières au Canada

Au moment où la production d'électricité en est toujours à un stade expérimental, on utilise le gaz de houille dans les grandes villes canadiennes surtout pour éclairer les rues. Dès 1837, la Montreal Gas Lighting Company place des réverbères à Montréal et, en 1841, la Toronto Gas, Light and Water Company, devenue Consumers' Gas Company en 1848, en installe à Toronto. Par la suite, l'éclairage au gaz, généralement contrôlé par des entreprises municipales, se répand à Halifax (1843), à Québec (1849), à Kingston (1850), à Hamilton (1851) et à Ottawa (1854).

Le recours à ce combustible occasionne bien des difficultés. Les allumeurs de réverbères voient leurs tâches se multiplier dans l'entretien des lanternes. Il leur faut maintenir continuellement la flamme qui peut s'éteindre au moindre coup de vent. D'autre part, les consommateurs se plaignent de la saleté, des odeurs désagréables, du manque de nettoyage des becs de gaz, de l'absence totale ou de la durée limitée des heures d'éclairage et par conséquent du manque de sécurité pendant les périodes d'obscurité.

À cette insatisfaction face à l'éclairage au gaz s'ajoutent d'autres facteurs qui favoriseront l'installation progressive de l'éclairage électrique dans le paysage des villes canadiennes à partir des années 1880. En raison de la proximité des États-Unis, on assiste à la pénétration des inventions américaines et on remarque l'intérêt d'entrepreneurs comme Charles F. Brush, Thomas Edison, Elihu Thompson et Edwin James Houston à commercialiser leurs produits au Canada.

À la fin du XIXe siècle, la Royal Electric Company incarne au Canada le modèle d'entreprise américaine engagée dans l'implantation d'un système d'éclairage public à l'électricité, système qui inclut la diffusion des brevets d'invention, la production d'équipement et la distribution. Fondée par des entrepreneurs montréalais en 1884, l'entreprise se spécialise, au cours des deux dernières décennies du XIXe siècle, dans la production et la vente de lampes à arc et à incandescence, de globes, de lampadaires et de génératrices selon des modèles mis au point par Edison, Thompson et Houston. Dès 1886, elle prend aussi en charge l'illumination des rues à Montréal, utilisant d'abord des lampes à arc, auxquelles s'ajoutent, en 1888, des lampes à incandescence.


Fig. 2 L'usine de la Royal Electric Company à Montréal en 1895.(Archives historiques Hydro-Québec, F9 / Montreal Light, Heat and Power Company)

Pendant cette période, la Royal Electric Company établit entre Victoria et Charlottetown 70 stations électriques pour l'alimentation des lampes à arc et 145 stations pour l'éclairage à incandescence. Dans la production et la distribution d'équipement électrique cependant, elle entre en compétition avec des filiales d'entreprises américaines, dont la Canadian General Electric et la Canadian Westinghouse implantées respectivement en 1892 et en 1897.

La Royal Electric Company met en place le premier système d'éclairage des rues à Charlottetown et à St. John's, Terre-Neuve, en 1885. L'entreprise crée aussi en 1886, une filiale, la Prince Edward Island Electric Company, qui assurera ce service. À l'initiative du Conseil municipal, la capitale du Canada a commencé à éclairer ses rues en 1885 sous la direction de l'Ottawa Electric Light Company fondée par F. Clemow, G. B. Pattee et H. Robinson. En 1884, l'Ottawa Electric Light a fusionné avec la Chaudiere Electric Light and Power Company, laquelle fut créée en 1887 par T. Ahearn et W. Y. Soper, ainsi qu'avec la Standard Electric, incorporée en 1891 par la famille Bronson. Ces trois entreprises ont finalement formé l'Ottawa Electric Company.

En 1883, à l'initiative de J.J. Wright, des rues du centre-ville de Toronto sont illuminées à l'électricité. Une première expérience de même nature se tient à Victoria avec des équipements provenant de la Brush Company de San Francisco. Finalement, l'éclairage public à l'électricité se répand aussi à Calgary et Regina (1890), et à Edmonton (1891).