
Voies ferrées d'accès aux ressources
La locomotive Shay était conçue pour servir l'exploitation de ressources naturelles.
Les voies ferrées d'accès sont de type industriel, construites pour permettre le
transport des ressources à partir de lieux reculés jusqu'aux usines de traitement ou
points de transfert centraux. Les industries minières et forestières sont deux
domaines reconnus pour avoir très tôt compté sur les voies ferrées pour acheminer
des matières premières situées dans des lieux reculés. L'industrie forestière de
Colombie-Britannique a transporté du bois sur ces voies jusque dans les années 1950.
Depuis, celles-ci ont été remplacées par des chemins d'exploitation et des camions.
Les voies ferrées forestières avaient la vie assez courte, des frais de construction
peu élevés et des normes souvent inférieures à celles des grandes lignes. Elles se
caractérisaient par des virages serrés et des pentes raides qui s'accordaient aux
conditions du terrain et au budget limité des sociétés forestières plutôt qu'aux normes
des grands chemins de fer. Ces lignes alimentaient les points de charge centraux où
les billots, qui avaient été transportés sur un seul wagon porte-billes, étaient
transférés sur des wagons plats plus longs, tirés par des locomotives classiques, ou
flottés jusqu'aux scieries pour y être transformés.
 La locomotive no 4 de Merril & Ring à
Theodosia Arm, en
Colombie-Britannique, vers 1926.
(Archives de la Colombie-Britannique) |
Dans l'industrie forestière de
Colombie-Britannique, la Shay était la
locomotive à engrenages la plus populaire
sur le marché. Son design bien particulier
comportait des pistons verticaux situés à
côté de la chaudière. Ces pistons
faisaient tourner un vilebrequin dont
chaque extrémité était reliée à un arbre d'entraînement par des joints de cardan et
des joints coulissants. L'arbre d'entraînement était relié à des engrenages coniques
montés sur arbres et roues, qui transmettaient la puissance des pistons aux roues des
bogies. La locomotive du Musée comporte deux bogies à quatre roues motrices, dont
l'empattement n'est que de 4 pi 4 po (132 cm), soit environ la moitié de celui d'une
locomotive à vapeur classique de poids et de force de traction semblables. Grâce à
l'articulation de ses bogies moteurs, la Shay pouvait prendre des virages trois fois plus
serrés qu'une locomotive à vapeur classique. La démultiplication obtenue limitait la
vitesse mais permettait à la locomotive de tirer une charge considérable en montée
ou en descente.
Photographie de la locomotive neuve no 4 de Merril & Ring prise par
Lima Locomotive Works, montrant les pistons montés sur le côté et la
transmission particulière sur deux bogies de la Shay. (Lima Locomotive
Works Inc., 1925)
La chaudière de la Shay était déportée sur la gauche et les trois cylindres
verticaux étaient placés sur le côté droit. La locomotive était aussi équipée d'un
siphon à vapeur permettant de remplir le réservoir du tender d'eau tirée d'une
source ou d'un étang près de la voie. La plupart des pièces mobiles étaient
visibles et accessibles, ce qui rendait les réparations plus faciles et la locomotive
bien adaptée aux rudes conditions dans lesquelles s'effectuait en général la
coupe de bois. Ces locomotives avaient souvent le bois pour combustible, un
choix logique en exploitation forestière. Celle du Musée a toutefois été convertie
au mazout avant 1926.
 La locomotive no 3 de
Merrill & Ring, vers 1926. La
cheminée en forme de ballon
servait lorsque la locomotive
se chauffait au bois. (Prince
Rupert Historical Museum,
Colombie-Britannique) |
* Les numéros entre parenthèses sont les numéros d'acquisition des objets de la collection du Musée.

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