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Du poêle à la cuisinière électrique

Débuts de la cuisson à l’électricité (1900-1920)

Les premiers magnats de l’industrie électrique dans la région d’Ottawa, Thomas Ahearn  et Warren Y. Soper, propriétaires de la Chaudiere Electric Light and Power Company depuis 1887, procèdent à une opération de charme pour promouvoir l’usage de l’électricité dans la cuisson des aliments. En 1892, ils préparent un dîner à l’hôtel Windsor d’Ottawa en utilisant un four, une bouteille chauffante et un réchaud conçus et fabriqués par Thomas Ahearn suivant les brevets qu’il a obtenus l’année même. Mais les sources décrivant ces innovations ne feront aucune mention de leur commercialisation éventuelle.

L’élaboration d’un poêle électrique a comme défi d’établir un équilibre dans la température de cuisson : elle doit être assez élevée pour rôtir la viande mais pas trop pour éviter de brûler les autres aliments. Les manufacturiers combinent donc deux unités de base : une boîte carrée, le four, pour griller et cuire les mets à haute température et, au-dessus, une plaque intégrant des surfaces chauffantes où sont déposées les casseroles pour les petits mijotés cuisant à une température plus basse. Au centre de ces opérations, un élément de résistance sert à pondérer le débit du courant électrique.

Formés d’un alliage de fer, ces premiers éléments n’arrivent pas à régulariser le courant électrique car ils se détériorent fréquemment par oxydation, risquant d’abîmer les autres composantes. L’apport de nichrome (combinant nickel et chrome) va offrir plus de résistance à une très haute température car l’alliage qui en résulte ne s’oxyde pas au contact de l’air.

Au cours des ans, la forme et la composition des plaques de cuisson évolueront alors qu’elles seront ouvertes ou fermées et formatées de 15 à 20 cm de diamètre environ. À l’origine, les plaques de cuisson ouvertes comprennent des fils électriques disposés dans un moule en forme de serpentin à l’intérieur d’un disque en céramique dont la température peut être réglée à trois niveaux : basse, moyenne et haute. Mais l’inégalité de la chaleur de la plaque et du format des récipients ainsi que les éclaboussures de graisse et de liquide provoquent régulièrement le bris des éléments. Adoptée largement dès les années 1930, la cuvette logée au-dessous de la plaque ouverte pourra recueillir les corps gras et liquides se déversant sur la surface de cuisson. Mis en marché par la société Hotpoint à la même époque et formé d’un alliage d’aluminium et d’acier le rendant plus résistant à haute température, l’élément Calrod pourra contrer les dommages causés par l’humidité et l’oxydation.

À l’origine, les plaques de cuisson fermées comportent des fils de nichrome logés à l’intérieur d’un disque de fer ou embobinés entre
des feuilles isolantes de mica. Mais l’instabilité des fils et l’effritement des matériaux occasionnent des pannes de courant. Un procédé visant à consolider les fils en les emboîtant dans un moulage recouvert d’une gaine protectrice en acier pressé, isolée à l’oxyde de magnésium, est mis au point par la société General Electric vers 1913.

Plaque de cuisson, Simplex
Electric Company, vers 1908
(MSTC 1992.0879)

La plaque de cuisson Simplex (1992.0879) à disque en fonte de 10 cm de diamètre, produite vers 1908, est montée sur un support en pierre à savon servant d’élément non conducteur. Une manette en céramique contrôle trois niveaux de chaleur. L’attache de fixation est caractéristique de cette époque où les prises de courant au mur sont rares dans les maisons. Leurs fonctions limitées, la fragilité des éléments et leur faible rendement en électricité susciteront leur disparition du marché vers 1917.


Poêle, Simplex Electric Company, vers 1910
(MSTC 1992.0876)

Probablement né de diverses composantes aux fonctions autonomes, le petit poêle électrique Simplex (1992.0876) manufacturé vers 1910 illustre les modèles produits dans les fonderies au XIXe siècle, avec sa boîte en fonte logeant le four. Toutefois, la construction de l’ensemble annonce des éléments modernes, incluant le four aux parois doubles isolées à l’amiante et une surface chauffante dotée de boutons de contrôle en porcelaine, qui supporte, à une hauteur d’environ 8 cm, des plaques de cuisson à disque en cuivre plaqué de nickel – galettière, gril pour la viande ou le pain – auxquelles sont fixées des attaches pour consolider les récipients. Cet aménagement surélevé facilite le nettoyage et contribue probablement à la popularité de l’appareil.


Poêles électriques utilisés à Berlin (aujourd’hui Kitchener), Ontario, lors d’un banquet célébrant le raccordement de la ville au réseau d’électricité provenant de Niagara Falls, 1910 (MSTC/Ontario Hydro HP1354)

Poêle-buffet, Copeman Electric Stove
Company, vers 1912 (MSTC 1992.0761)

Revêtu d’amiante et de métal laminé, le poêle-buffet en bois (1992.0761) Copeman produit vers 1912 est surmonté de plaques chauffantes fermées en céramique contenant un élément de nichrome. Les panneaux d’aluminium servant d’isolant au four et les thermomètres mesurant exactement la chaleur produite sont des innovations.