Aéronef ambassadeur

Aventures avec le G-AKDN - Chapitre 5

C’était le moment de faire voler cet appareil. Après avoir grimpé sur l’aile et ouvert la verrière du poste de pilotage, j’ai tout de suite vu que j’avais affaire à un véritable aéronef d’époque. Des odeurs de métal, de carburant, d’huile, de cuir et de fils électriques émanaient du cockpit. Quelques années plus tard, à l’occasion d’une visite du porte-avions USS Midway amarré dans le port de San Diego, j’ai perçu exactement ces mêmes odeurs sur le pont hangar inférieur. Ce sont les odeurs de l’histoire de l’aviation. Lorsque je me suis sanglé dans le cockpit qui m’allait comme un gant, je me suis rendu compte que les pilotes de 1947 devaient être d’une taille beaucoup plus petite. Néanmoins, tout dans le cockpit tombait volontiers sous la main. J’y étais parfaitement à l’aise. C’était comme lorsque je me sanglais dans mon Pitts Special. La procédure de départ était quelque peu différente de celle à laquelle j’étais habitué, mais le moteur Gipsy Major a démarré immédiatement et donnait une impression de puissance. Le roulage a été difficile parce qu’on a vraiment besoin de trois mains pour contrôler l’appareil au sol. Une longue courbe d’apprentissage, mais après une simple accélération sur la piste, j’étais prêt à m’envoler.

Il a volé comme un chasseur. Le moteur à plein régime faisait trembler les vitres de l’habitacle, mais lorsque j’ai réduit la puissance en altitude, il a simplement émis des murmures qu’accompagnaient peu de vibrations alors que l’avion poursuivait son accélération. C’était un modèle de Chipmunk très léger et extrêmement rapide.

Je ne pouvais cesser d’imaginer que je me trouvais dans une machine à voyager dans le temps. Je tenais les mêmes commandes que tous ces célèbres pilotes d’essai avaient eux-mêmes eues entre les mains. Je pouvais fort bien être retourné dans les années 1940 alors que j’effectuais des virages et m’élevais au-dessus de la campagne verdoyante. J’ai vécu une expérience très surréaliste à ce moment. Mon premier atterrissage devait être le mieux réussi que j’ai jamais effectué dans un KDN. Une simple question de chance des débutants, ou peut-être que le pilote d’essai John Derry veillait sur son KDN pour s’assurer qu’il était entre bonnes mains. En éteignant les moteurs, je me suis rendu compte que j’étais pris d’une réelle passion.

Il a fallu une semaine pour démanteler le KDN et l’emballer de façon sécuritaire dans le conteneur. Graham et son équipe venaient nous aider chaque fois que nous faisions appel à eux. Nous avons été quelque peu inquiets lorsque nous avons réalisé que les fixations pour la queue que nous avions empruntées à Tom n’étaient pas adéquates. Notre prototype d’aéronef s’est révélé être très différent des Chipmunk de l’époque de l’ARC que Tom connaissait. À la suite de quelques idées créatives et recherches, nous avons réussi à transformer une fixation d’antenne parabolique en un dispositif de soutien pour la queue d’un Chipmunk.

Le voyage du KDN, d’abord par camion jusqu’à Liverpool, puis par bateau (qui a essuyé une tempête pendant la traversée de l’Atlantique) à Montréal et par train à Saskatoon, a duré 17 jours. Un camion l’a livré à l’aéroport de Saskatoon. Lorsque nous avons ouvert le conteneur... il était en parfait état. Il n’avait pas bougé d’un demi-centimètre. Notre travail ardu avec Graham et son équipe avait porté fruit. Nous avons tous soupiré de soulagement.

À suivre...


Démantèlement du KDN à Bagby avec l’aide de Graham Fox et son équipe.


Le KDN est installé dans le conteneur pour sa deuxième traversée de l’Atlantique. James, Karen et Dave présentent un étendard de l’Aviation royale canadienne pour souligner l’occasion.

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