La recherche

Messerschmitt Me 163B–1a Komet

Une légère dérogation à l’ordre chronologique s’impose ici, car même si la restauration du Curtiss HS-2L a débuté avant celle du Me 163, ce dernier projet fut achevé plus tôt.

Le Musée national des sciences et de la technologie était très désireux d’obtenir en prêt un missile Convair Atlas pour l’exposer à l’extérieur de ses locaux; de son côté, le Musée de la USAF cherchait à obtenir en prêt un Me 163. Or, le Musée national de l’aviation possédait deux exemplaires du Me 163. Le premier, déjà en bon état, fut redécoré au Musée canadien de la guerre en 1966-1967 dans la livrée du JG/400 et il s’y trouve toujours exposé. L’autre avait passé de nombreuses années à l’extérieur, à Saint-Jean (Québec), et sa finition avait beaucoup souffert. Récupéré en 1958 par le Musée canadien de la guerre, l’appareil fut entreposé, mais sans plus. Il a donc été Convenu que ce dernier avion serait restauré dans les ateliers du Musée national de l’aviation et qu’en échange du missile il serait cédé au Musée de la USAF dans le cadre d’un prêt à long terme.

Les travaux débutèrent en 1976. Une rapide inspection révéla l’absence des pièces suivantes : les instruments et le tableau de bord; les commandes du poste de pilotage; l’ensemble roulette de queue jambe, roue et pneu); la verrière en plastique et le panneau de vitre blindée; l’hélice de génératrice et son carénage; de nombreux raccords et portes de visite. Les intempéries avaient lourdement abîmé les ailes en bois, notamment celle de gauche. Heureusement, l’autre exemplaire du Me l63 livra les renseignements nécessaires pour fabriquer les pièces de remplacement.

Messerschmitt Me 163B–1a Komet
Le fuselage du Messerschmitt Me 163 en restauration au MNA.

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Le croquis et l'inscription retrouvés à l'intérieur du Me 163, exécutés selon toute vraisemblance par un travailleur français déçu. Le croquis comporte un bâtiment, probablement l'usine, avec l'inscription (Manufacture fermée), accompagnée en-dessous de l'inscription (Mon coeur est en chômage).

On commença par fabriquer un tableau de bord. Par bonheur, on parvint à trouver la plupart des instruments manquants au Conseil national de recherches et il n’a fallu prévoir que deux instruments factices. On confectionna ensuite un moule pour la verrière en plastique, dont on confia la réalisation à une entreprise privée. Le pare-balle fut réalisé à partir d’une plaque de verre dans l’atelier du Musée, qui assura d’ailleurs la confection de toutes les autres pièces de remplacement, notamment un cercle en bois qu’on a substitué au pneu original en caoutchouc sur la roulette de queue.

Il a fallu entièrement refaire le revêtement des ailes en bois et remplacer 1es deux tiers des nervures. Le fuselage en tôle a été dépouillé de ses composants, et tout a été réparé et nettoyé avant le réassemblage. I1 s’est également avéré nécessaire de nettoyer le train d’atterrissage et le moteur-fusée Walter, qui avait surtout besoin d’une nouvelle finition. Les vérins et autres dispositifs de commande ont été remis en état de marche.

La restauration du Me l63 a révélé de nombreux vices de construction, attribuables au peu d’enthousiasme d’une main-d’œuvre étrangère que l’Allemagne embauchait de force dans ses usines vers la fin de la guerre. Ainsi, la colle ayant servi à l’assemblage des ailes était complètement inefficace et le Musée estime qu’on en avait altéré les propriétés avec du savon; si l’appareil était entré en service, il se serait probablement désagrégé en vol.

Derrière le siège du pilote, avait été saboté le gros réservoir qui devait contenir le peroxyde d’hydrogène (T-stoff), une substance très corrosive qui, mélangée à l’hydrate d’hydrogène (C-stoff) alimentait le moteur-fusée. Un petit caillou avait été glissé entre le réservoir et l’une de ses brides de support. Le but était de provoquer la perforation du réservoir au moment du remplissage, ce qui aurait eu, on l’imagine, des conséquences catastrophiques.

Une fois restauré, l’appareil fut peint dans sa livrée d’origine et cédé à titre de prêt au Musée de la USAF en novembre 1978. Depuis, l’appareil est revenu à Rockcliffe où il est exposé dans le nouveau bâtiment du Musée.

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