La recherche
Curtiss JN-4 « Canuck »

Au moment de sa prise en compte par le Musée en 1962, l’appareil présentait une cellule assez complète, avec sa toile d’origine (1918) sur les ailes; toutefois, tous 1es autres composants avaient été enlevés. Des instruments d’origine, il ne restait plus que le manomètre à huile, certains manquaient, d’autres étaient endommagés. Après avoir été exposé à Rockcliffe dans le cadre de la Journée des Forces aériennes en Juin 1962, l’appareil fut transporté au Musée et les travaux commencèrent aussitôt. Malgré le manque de place dans les ateliers, on avait décidé que la restauration serait entreprise sans tarder, étant donné l’importance historique de l’appareil pour le Canada. Un local étroit situé à l’arrière du Musée à Uplands fut donc réservé à cet effet. L’accès à la pièce était un véritable labyrinthe et si l’on a pu faire entrer la plupart des composants sans trop de difficulté, il a été nécessaire de hisser le fuselage par une fenêtre du deuxième étage.
L’absence de toile sur le fuselage avait permis au public d’apprécier la structure interne de l’appareil lors de la Journée des Forces aériennes en Juin 1962. Par suite des réactions très favorables, le Musée décida de restaurer l’appareil sans toile d’un côté afin d’en exposer l’intérieur. Le Musée ne disposait à l’époque d’aucun plan, mais l’équipe chargée de la restauration put s’appuyer sur un vieux compte rendu d’essai et sur une collection de photographies qui se sont avérés indispensables. Une maquette très détaillée de grande échelle, réalisée par Canadian Aeroplanes, livra également des renseignements très précieux.
Arthur Walker s’affaire à assembler une nouvelle arête dorsale pour le fuselage arrière du Canuck.
Le fuselage fut entièrement démonté, puis restauré en deux étapes. On travailla d’abord sur la partie comprise entre l’habitacle arrière et la queue, avant de passer à la section avant. Toutes 1es pièces métalliques furent nettoyées et réparées ou revêtues par galvanoplastie. Quant aux pièces en bois, elles furent toutes nettoyées et vernies; du nombre, il n’a fallu en remplacer que trois : le support horizontal droit du siège, le gros membre vertical gauche à hauteur de la station ne 3 et la pièce de soutien transversale du berceau moteur au même niveau. C’est à ce stade des travaux qu’on a découvert le numéro de série américain 39158 sur le longeron supérieur gauche du fuselage, à hauteur de l’habitacle arrière, ce qui a permis d’établir l’identité de l’appareil.
Par la suite, les techniciens ont nettoyé et verni le plancher de l’habitacle, enlevé et replaqué toutes 1es commandes de vol et confectionné un nouveau manche à balai avant avec son socle afin de remplacer la pièce grossière qu’avait fabriquée un des anciens propriétaires. Les panneaux de capotage d’origine, qui étaient très usés et qui présentaient des fissures, ont été remplacés par de nouveaux. La plage arrière du fuselage, qui était en très mauvais état et qui ne correspondait pas au dessin d’origine, fut remplacée par une pièce dont la conception fut largement inspirée de la maquette de Canadian Aeroplanes.
Un nouveau tableau de bord fut confectionné suivant 1’agencement authentique et l’on réussit à trouver des exemplaires de tous les instruments, feux et autres accessoires d’origine, à l’exception de l’indicateur de vitesse, dont il a fallu réaliser une reproduction. De nouvelles manettes furent installées dans l’habitacle avant, la société Deloro Stellite ayant généreusement accepté de fournir le bloc manettes. Les sièges furent réparés et rembourrés. Ed Carlson de Spokane (Washington) fit don d’un J’eu de ceintures de sécurité authentiques, qui ont servi de modèle à la confection de nouvelles sangles pour les deux habitacles; Deloro Stellite a fabriqué les pièces coulées. Les plans de queue étaient généralement en bon état. Les organes en bois n’ont nécessité que des réparations mineures, après quoi ils furent nettoyés et vernis. Quant aux membres tubulaires, leurs surfaces internes ont été enduites d’huile de lin pour 1es protéger contre la corrosion. Le bord de fuite des gouvernes de profondeur, rongé par la corrosion, avait besoin d’être remplacé et comme le Musée n’était pas en mesure de réaliser de nouvelles pièces de la longueur voulue, Canadair a généreusement fourni un nouvel ensemble.
Toutes les commandes de vol sont montrées ici, réassemblées, sur le plancher de l’habitacle et prêtes à être installées dans l’avion.
Cette vue des ailes donne une bonne idée du haubanage et des câbles de commande des ailerons. Ce système de commande propre au Canuck, dans la famille JN-4, constitue une caractéristique qui permet de le reconnaître.
Le train d’atterrissage n’exigeait qu’un nettoyage et une nouvelle finition, mais les roues à rayons étaient rouillées et leur remise en état aurait nécessité un démontage complet. Heureusement, Canadair, encore une fois, proposa de les nettoyer dans ses ateliers avec une machine aux ultra–sons.
Dans l’ensemble, les ailes n’avaient besoin que de réparations mineures. Toutefois, l’appareil avait subi un accident lors duquel la ferrure d’encastrement du longeron avant supérieur gauche avait été arrachée et la nervure caisson d’extrémité avait été gravement endommagée. Les réparations effectuées à l’époque étant très sommaires, il a fallu réparer le longeron et façonner une nouvelle nervure–caisson. Il a fallu également fabriquer de nouvelles pièces pour remplacer tous les bords de fuite ainsi que 1es quatre ailerons qui étaient voilés.
Le moteur OX–5 livré avec l’appareil fut révisé et exposé à part, un second OX–5 ayant été installé à bord de l’appareil après révision. L’hélice de fabrication américaine qui équipait l’appareil au moment de sa prise en compte fut remplacée par une hélice reçue en don de Canadian Aeroplanes, qui fut remise en état et installée.
Comme le travail d’enduisage présentait des risques d’incendie et n’était pas autorisé dans les locaux du Musée, l’entoilage et l’enduisage furent effectués par Personal Plane Services selon les spécifications du Musée. La méthode d’entoilage du JN–4(Can.) était particulière et il a fallu une recherche minutieuse pour en cerner tous les détails. L’exemplaire fut décoré aux couleurs d’un appareil de la 85e Escadrille d’entraînement supérieur dont il porte l’insigne caractéristique, le chat noir. Au terme d’une recherche rigoureuse, on adopta la teinte de vert recommandée par un ancien employé de Canadian Aeroplanes. Toutefois, on sait depuis que cette couleur n’est pas authentique et l’exemplaire sera un jour repeint en brun kaki. La restauration du JN–4 (Can.) fut terminée en mai 1964.
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